Historique récent et état des lieux de la forêt Périgourdine


Sous Louis XIV, les chantiers navals de Bordeaux et La Rochelle ont exploité de manière intensive la forêt de la Double jusqu’à sa transformation en lande désolée et parsemée d’étangs amenant le paludisme. Ce n’est que sous le Second Empire que la lande de la Double sera « assainie » par drainage et reboisée en pins maritimes.

Du XVIIème siècle à la fin du XIXème, les taillis de chênes et de châtaigniers du Nontronnais-Limousin fournissent le charbon de bois nécessaire aux 140 forges qui coulent, entre autre, les canons des navires du roi. L’impact de cette industrie sur le territoire est considérable et durable avec une surconsommation de charbon entraînant la disparition des futaies de chênes, de hêtres, de charmes au profit des taillis de châtaigniers.

Au XXème siècle, à côté de l’exploitation traditionnelle de la forêt (bois de chauffage, piquets, bois d’œuvre), s’implante en Dordogne une nouvelle industrie du bois : la trituration pour la pâte à papier.

La fabrication de pâte à papier, de papier et de carton est une industrie très gourmande en matériau bois : par exemple, l’entreprise Internationale Paper, implantée à Saillat (Haute-Vienne), s’approvisionne en partie en Dordogne et consomme 1,3 millions de tonnes de bois par an. Cela correspond à plus ou moins 12 000 ha de forêts coupés à blanc chaque année. Ainsi, pour être autonome, cette entreprise devrait détenir 240 000 ha de bois en tenant compte d’un délai de repousse de 20 ans.

Suite à la tempête de 1999, la politique d’exploitation industrielle du bois est renforcée et subventionnée : coupe rase des forêts diversifiées, défrichement, replantation en monoculture (principalement des pins maritimes).

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Aujourd’hui, l’engouement pour le bois-énergie augmente la demande en matériau-bois, se rajoutant à celle du bois de trituration (papeterie). Le département souhaite doubler la récolte de bois sur le territoire d’ici 2016 pour atteindre le million de m3 exploité. Cette politique industrielle qui ne voit dans la forêt qu’une ressource minière, compromet fortement l’avenir de nos bois.

Etat des lieux :

La forêt en Dordogne est constituée de plusieurs massifs caractéristiques : La forêt de la Double et du Landais, le Nontronnais-Limousin, le Périgord Blanc, le Sarladais et le Sud-Dordogne.

Au 3ème rang national (après les Landes et la Gironde), la forêt périgourdine, avec ses 420 000 ha, est à 75% peuplée de feuillus : chêne pédonculé, chêne pubescent, chêne vert, tauzin et rouvre, châtaignier, hêtre, bouleau, frêne, charme et aulne.

Forets Sans Age

Les 100 000 ha de résineux sont avant tout constitués de pins maritimes. On trouve aussi des pins sylvestres, pins noirs d’Autriche, pins Laricio, sapins, épicéas, douglas et mélèzes.

La plupart de nos forêts sont jeunes et extrêmement morcelées. Elles résultent pour une grande majorité d’anciennes parcelles cultivées abandonnées pendant l’entre-deux-guerres. Ainsi, ces anciennes cultures se sont enfrichées et ont permis l’installation de forêts « naturelles » à grande diversité d’essences. Un certain nombre de ces boisements commencent aujourd’hui à être matures. Ils sont écologiquement très intéressants et jouent un rôle fondamental pour la conservation de plusieurs espèces protégées (lucane cerf-volant, chauves-souris, oiseaux…).

Malgré le retour de forêts « naturelles », les forêts du Périgord-Limousin sont les témoins d’une activité humaine multiséculaire. En effet, certaines essences ont été favorisées. C’est le cas du Châtaignier, planté pour en faire des vergers ou pour produire du petit bois essentiel aux forges. Le Chêne pédonculé a lui aussi été favorisé pour la qualité de son bois d’œuvre et de chauffage. En revanche, d’autres essences ont quasiment été éradiquées. C’est le cas du Hêtre, du Charme, de l’If, du Chêne sessile…

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